La coopération en langues vivantes

La collaboration et la coopération : quelles différences ?

Selon Sylvain Connac, maître de conférences en sciences de l'éducation à l’Université Paul Valéry de Montpellier, la collaboration se définit comme suit : « Ensemble des situations coopératives symétriques, formelles et informelles, où des acteurs vivent une interdépendance réciproque, engendrée par le partage d’un espace, d’un temps de travail et de ressources. Les acteurs travaillent ensemble dans un esprit de solidarité, mais assument individuellement leurs tâches ».

A l’inverse, la coopération est définie par Sylvain Connac de la façon suivante : « Ensemble des situations symétriques et dissymétriques, formelles et informelles, où des personnes produisent ou apprennent à plusieurs, impliquant du partage de désirs et de la générosité réciproque. Elles œuvrent et agissent ensemble. »

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Focus sur le travail coopératif : une multiplicité d’approches pédagogiques

Diverses approches pédagogiques sont possibles lorsque l’on souhaite amener ses élèves à coopérer. On peut le faire par le biais du théâtre en langues, en ayant recours à la pédagogie de projet, en utilisant des outils numériques, mais c’est également possible en organisant un Escape Game, ou bien par le biais de la classe coopérative.

Intérêts et plus-values du travail coopératif transférables en cours de langue

Adopter une approche pédagogique en mode coopératif permet à l’enseignant de proposer des travaux en petits groupes visant à « engager la mobilisation cognitive des élèves et de les motiver à tirer ensemble une même corde, celle de leurs apprentissages ». C’est ainsi que Sylvain Connac, dans son ouvrage La coopération entre élèves aux Editions Canopé, définit les objectifs du travail en petits groupes. Mais il en détaille également les intérêts et plus-values pédagogiques:

-chaque élève peut entrer en communication avec des camarades plus facilement qu’en grand groupe ;
-l’enseignant est plus disponible pour intervenir individuellement ou auprès de quelques élèves seulement ; les relations pédagogiques gagnent alors en qualité ;

-l’activité des élèves est favorisée : au lieu d’assister à des démonstrations effectuées par l’enseignant, ce sont les élèves qui vont directement les réaliser et les expérimenter ; ils sont en action, ce qui, lié à de la réflexivité, améliore la cognition ;

-les élèves s’attachent à du travail complexe, nécessitant des interactions, qu’il serait difficile de générer individuellement ou en grand groupe ;

-en travaillant à plusieurs, on active les bienfaits de l’intelligence collective : on ne porte pas seul la charge d’une difficulté, on peut bénéficier des expériences, savoirs et habiletés des partenaires, ce qui participe à la construction des connaissances individuelles.

Quelles habiletés sont développées chez l’élève lors de travaux coopératifs?

Sylvain Connac détaille les habiletés progressivement développées par l’élève grâce au travail en petits groupes ; un bon nombre d’entre elles sont nécessaires lors des activités menées et des échanges en cours de langue :

-l’affirmation de soi : donner son point de vue, faire des propositions, argumenter ;

-le langage : l’essence du travail en groupe est de transmettre ses pensées : « l’élève est à même de modifier ses conduites et ses jugements de façon à pouvoir communiquer ;

-l’écoute : apprendre à écouter sans couper la parole ;

-l’écoute empathique : parvenir à se mettre à la place de l’autre pour tenter de répondre aux demandes qu’il formule ;

-le questionnement : poser des questions, demander des explications pour bien comprendre ce qu’apportent les camarades ;

-l’entraide et la solidarité : mettre en commun ses compétences au service d’une acuité accrue de la fragilité ;

-la démocratie : participer à l’organiser, de la vie coopérative de la classe et/ou de son groupe d’appartenance ;

-la responsabilité : prendre en charge, seul et à plusieurs, une tâche de groupe, notamment pour considérer l’autre, dans ses différences, comme étant aussi digne que soi.