Illectronisme et Inclusion numérique

Le terme d’"illectronisme" transpose le concept d’”illettrisme” dans le domaine du numérique. Savoir utiliser les ressources numériques courantes est désormais presque aussi indispensable que savoir lire, écrire et compter

 

Le terme “illectronisme” fait son entrée officielle dans le dictionnaire Larousse, en 2020 suite à la pandémie du Covid 19, pour désigner : « l’état d’une personne qui ne maîtrise pas les compétences nécessaires à l’utilisation et à la création des ressources numériques ».

 

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Les causes​​​​​

 

A l'origine des situations d'illectronisme, il est possible d'identifier autant une défaillance matérielle (impossibilité d'accès aux outils permettant la connexion) qu'un manque de compétence (incapacité, totale ou partielle, à faire).

Selon une étude menée par Eurostat (direction générale de la Commission européenne chargée de l'information statistique à l'échelle communautaire), cinq piliers de compétences numériques permettent d'évaluer des situations d’illectronisme : 

  • La recherche d’information (sur des produits et services marchands ou administratifs, etc.),
  • La communication (envoyer ou recevoir des courriels, etc.), 
  • La résolution de problèmes (accéder à son compte bancaire par Internet, copier des fichiers, etc.), 
  • L’usage de logiciels (traitement de texte, etc.),
  • L’usage sûr, critique et responsable des technologies numériques

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Les chiffres de l'illectronisme en France

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L'épidémie de Covid-19 a permis d' "appuyer sur l'accélérateur” en ce qui concerne  la transformation numérique de notre société.

Mais, d’un autre côté, la crise sanitaire a contribué à mettre en lumière les inégalités qui existent entre les populations plus proches du numérique et celles qui en sont éloignées.

D’après un rapport sur l’illectronisme, mené par le Sénat et sorti en Septembre 2020, la France a compté 53,5 millions d’internautes en mai 2020, soit 85,4% des Français.

En moyenne, 46,1 millions d’internautes se sont connectés quotidiennement à Internet, soit 73 % de la population française que ça soit pour des achats en ligne, pour des démarches administratives ou pour des interactions sociales.

Si le nombre d’internautes, 53 millions, paraît considérable, il n’en demeure pas moins que 14 millions de Français ne peuvent pas ou ne veulent pas utiliser le numérique

 

 

 

 

La fracture numérique aujourd'hui en France 

L'illectronisme s'exprime à travers trois types de fractures numériques, strictement liées entre elles : 

  • Territoriale : Près d'un tiers des habitants, dans les communes de moins de 20 000 habitants, n'a pas encore accès à un internet de qualité, soit 15 % de la population française, les outre-mer et les territoires ruraux en tête
  • Sociale : Les problèmes d'accessibilité, qui peuvent être liés au coût des équipements, touchent surtout  les foyers les plus modestes et causent d’importantes lacunes au niveau des usages. De plus, le manque de compétences se manifeste en particulier chez les personnes fragiles ou isolées ( les personnes non parlant la langue nationale, celle qui ont un handicap, etc..)  et les moins diplômées.
  • Générationnelle67,2 % des  personnes de 75 ans  et plus vivent dans une situation d’illectronisme due au manque d’équipement (53%) ainsi qu’au  non-usage d’internet (64,2%).

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Focus sur l'Education

L'importance de l’outil informatique s'est imposée comme une évidence au sein de l’éducation à partir des années 70 (circulaire du ministre de l’Éducation nationale n° 70-232 du 21 mai 1970) 

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Mais c’est surtout dans les années 2000 que la transition numérique de l’éducation nationale se met réellement en marche :

  • En 2000, le B2i pour les élèves de collèges fait son apparition ; 
  • En 2004, c’est le C2i à destination des enseignants stagiaires ;
  • En 2009, la nécessité d’une “initiation obligatoire" à l’usage informatique pour tous les élèves et étudiants s’inscrit dans le code de l’éducation ;
  • En 2013, il est clairement affirmé que l’école doit éduquer les jeunes à un usage éclairé, critique et responsable des nouvelles technologies (Loi n° 2013-595 du 08/07/2013 de programmation et d’orientation pour une refondation de l’école) ;
  • En 2019, le CRCN (Cadre de Référence des Compétences Numériques), inspiré du cadre européen (DIGCOMP) est adapté pour les élèves, de l’école primaire au lycée, ainsi que pour les étudiants de l’enseignement supérieur ;
  • En 2022, les compétences numériques définies par le CRCN et acquises par les élèves font désormais  l'objet d'une certification nationale délivrée via la plateforme Pix en fin de cycle 4 et en fin de cycle terminal.  

Pendant le confinement, l'éducation nationale a basculé dans "le tout -numérique", outil de la continuité pédagogique.

Mais, d’autre part, l’urgence sanitaire a révélé la “fragilité numérique” autant des apprenants (élèves et étudiants) que des enseignants,  soulignant un manque généralisé de formation

 

 

 

 

Comment lutter contre l'illectronisme

L’urgence sanitaire a contribué à la prise de conscience des enjeux sociétaux liés à la lutte contre l'illectronisme.

“L'illectronisme ne disparaîtra pas d'un coup de tablette magique !”, peut-on lire dans la synthèse du rapport publié par le Sénat en Septembre 2020 .

Ce rapport appelle alors à une mobilisation des territoires et définit 7 axes principaux de travail pour la réussite d’une politique d’inclusion numérique :

  1. Cartographier les zones d’exclusion numérique ;
  2. Passer d’une logique "100 % dématérialisation" à une logique "100 % accessible" pour les sites publics en ligne ;
  3. Proclamer l’inclusion numérique comme priorité nationale et service d’intérêt économique général ; 
  4.  Repenser l’offre et l’architecture de la médiation numérique, en visant l’autonomie numérique ;
  5. Construire une "Éducation nationale 2.0" en rendant obligatoire la formation à l’utilisation des outils numériques pédagogiques pour l’ensemble des enseignants ;
  6. Créer un "choc de qualification" au numérique dans les entreprises par le biais d'un crédit d’impôt pour la formation au numérique.

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D’un côté, promouvoir l'inclusion numérique signifie s'engager pour réduire les inégalités matérielles et, de l’autre, fournir une formation de qualité à tous les citoyens, à tous les âges et tout au long de la vie, en s’adaptant les évolutions incessantes du monde numérique. 

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Des ressources sur l'illectronisme

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Référente :

Elisabetta Pacini

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Portrait d'Elisabetta Pacini