L'information - TraAM 2019/2021

Vous trouverez dans le document ci-dessous la synthèse du travail réalisé, dans le cadre des TraAM, par l’équipe de philosophie de l’académie de Toulouse, Michel Jeltsch et Nicolas Laurens, sous la direction de Sophie Dreyfus, IA-IPR de philosophie. 

 

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Sommaire du Traam sur l'information

 

Présentation du projet

Avec Simondon on découvre que le problème de fond de l’information ne se situe pas du côté de l’émetteur, de son élaboration, de sa qualité ou de sa valeur de vérité, mais bien plus du côté de celui qui la reçoit et qui souvent se contente de l’absorber telle quelle, de la répliquer à l’identique et de la diffuser, sans qu’aucun processus de transformation ne s’enclenche chez lui. Force est de constater que ce problème a pris une ampleur nouvelle à l'ère du tout numérique. Ici l’information n’informe rien, elle reste monolithique et inerte, elle n’ouvre sur aucun processus d’individuation. Elle se communique certes, mais le sujet ne se trouve en rien modifié.

Une telle approche se distingue du modèle cybernétique des théories de l’information qui abordent la notion en termes de transmission et de quantité. Elle met bien plutôt l’accent sur l’intensité, la modulation qualitative et plus encore, sur la relation. Précisément pour que cette relation puisse avoir lieu et partant, l’information devenir véritablement informante, le récepteur doit être dans certaines dispositions intérieures qui rendent possible le fait qu’il soit affecté. Développant une théorie des émotions, Simondon parle d’instabilité ou, pour reprendre le terme qu’il emprunte à la thermodynamique, de “métastabilité”, laquelle seule peut révéler le potentiel d’être du sujet et ouvrir la possibilité d’une transformation vers une plus haute individuation.

Nous ne pouvons que le constater, trop d’élèves sont très peu “informés”, au sens que Simondon donne à ce terme, et cela précisément parce qu’ils sont trop stables, autrement dit parce que la disposition d’âme qui ouvre la possibilité de cette information, avec les modulations et les transformations qu’elle implique tant du côté du sujet que du message lui-même, n’a pas encore été atteinte. Et ceci est particulièrement sensible en philosophie.

C’est alors à l’émergence de cette disposition d’âme chez l'élève, laquelle fait écho à ce que nous avons l'habitude d’appeler “l’étonnement philosophique”, que nous avons travaillé dans le cadre de ces TraAM 2019/2021, en essayant de construire des scénarios pédagogiques basés sur le numérique susceptibles de la favoriser.

 

La synthèse de ce travail se présente sous la forme de trois tableaux successifs ordonnés selon les trois étapes chronologiques du processus d’individuation auquel nous nous sommes intéressés :

➢ Etape 1 : Le point de départ : ce que l’information n’est pas

➢ Etape 2 : Le moment de la crise : la perte de soi

➢ Etape 3 : L’information informante : une nouvelle individuation par le collectif

 

Pour faciliter la lisibilité de la réflexion, nous avons choisi d’organiser chacune de ces étapes selon une structure commune, elle-même articulée en trois temps principaux :

1. Un premier moment théorique, lequel nous a permis de poser le cadre de la pensée de Simondon, cette dernière constituant le point de départ et le fil rouge de notre réflexion sur l’information. A chaque fois, la clarification de ce cadre théorique nous a conduit à proposer comme autant de balises de courts extraits de Simondon qui nous ont paru significatifs.

2. Un second moment pédagogique cette fois, consacré à la transposition de cette réflexion sur le terrain de l’enseignement de la philosophie et de ses problématiques propres, et cela en interrogeant systématiquement la situation à la fois du point de vue de l’élève, et du point de vue de l’enseignant.

3. Un dernier moment centré sur le numérique et le rôle qu’il joue ou pourrait jouer au sein de ce questionnement pédagogique portant sur l’information sachant que, chemin faisant, nous nous sommes attachés dès le second moment à élaborer des propositions pédagogiques susceptibles de répondre aux différents enjeux qui ont pu être dégagés.

 

Enfin, pour terminer ce parcours, nous avons choisi de proposer un exemple concret de mise en œuvre de certains éléments clé issus de cette réflexion, tels qu’ils ont pu être expérimentés avec les élèves au cours de la seconde année de ce TraAM. L’option qui a été la nôtre en effet, a consisté toujours à confronter la théorie à la pratique, en mettant à l’épreuve de la classe de philosophie les concepts que nous avons pu trouver chez Simondon, les démarches pédagogiques que nous en avons tirées, et les usages du numérique qui nous ont semblé pouvoir répondre aux problématiques que nous avons rencontrées. Si cet exemple se veut significatif et peut-être inspirant, il ne constitue évidemment en rien un modèle. Il correspond simplement à une possibilité parmi d’autres, absolument perfectible et librement amendable, de ce qui peut se faire en classe de philosophie à partir de la rencontre entre la pensée de Simondon sur l’information et la réflexion pédagogique sur le numérique.

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