Les pratiques collaboratives au service des apprentissages en HG

coopérer

La capacité à coopérer est considérée comme fondamentale aujourd'hui. Le monde interconnecté exige de plus en plus de savoir travailler en équipe et préparer nos élèves à ces pratiques est donc essentiel. Aussi, en favorisant l’autonomie des élèves et l’entraide, ces pratiques favorisent le lien social et répondent ainsi aux enjeux de l’éducation à la citoyenneté. L’élève atteint des objectifs d’apprentissage qu’il ne pourrait atteindre seul. 

Vous trouverez ci-après des éléments de réflexion sur les pratiques collaboratives en classe et ce au service des apprentissages en histoire, géographie et EMC. L’histoire, la géographie, l’enseignement moral et civique (EMC) concourent pleinement à la mise en œuvre de stratégies de collaboration et de coopération entre élèves, parmi d’autres démarches d’apprentissage. Ces réflexions seront par la suite complétées par des pratiques de classe collaboratives en lien avec l'usage du numérique. 

1. Réflexion sur les concepts : coopérer et collaborarer

Le rapport de l'IGESR s'ouvre sur des réflexions pour définir les pratiques collaboratives par ce qu'elles ne sont pas : "il est fréquent que toute pratique réunissant au moins deux personnes soit qualifiée de collaborative ou coopérative. Il en est ainsi par exemple des travaux en binômes, en groupes, en îlots, des activités ludiques, des jeux sérieux, du co-enseignement etc. Or, il ne suffit pas de se mettre par deux, de regrouper les élèves en îlot ou encore de faire des travaux de groupes pour que naisse spontanément une coopération". En effet, les concepts de collaboration et de coopération doivent s'envisager pleinement dans un apprentissage de l'élève et pas seulement de façon numéraire. C'est pourquoi la commission précise les caractéristiques de ces termes de façon à les distinguer :

La coopération entre élèves est une situation d'apprentissage possible lorsqu’ils sont placés dans des situations qui leur permettent d’apprendre mieux ensemble. « La coopération entre pairs se définit comme l’ensemble des situations où des personnes produisent ou apprennent à plusieurs. Au-delà de la collaboration, la coopération correspond au niveau le plus étroit du faire à plusieurs, dans lequel les partenaires sont mutuellement dépendants, avec qui il est nécessaire de s’associer. »1 

La collaboration, est envisagée comme toute forme de pratiques collaboratives en général qui ne donnent pas lieu à un cadrage aussi précis que celui de la coopération, et, en particulier, pour toute forme de travail entre adultes œuvrant ensemble pour améliorer les apprentissages des élèves.

L'usage de ces termes revoient à une maîtrise des situations de classe qu'il faut réfléchir pour répondre à ces exigences. La collaboration entre élèves est impulsée par les programmes eux-même. En effet, nous la retrouvons dans un des items de la compétence " s'approprier une démarche historique ou géographique". 

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compétence

 

2. Des pratiques au bénéfice des élèves et pour les équipes

Les pratiques collaboratives visent à améliorer la qualité des apprentissages et du climat scolaire ; elles permettent aux enseignants de gagner en efficacité et à tous les élèves de progresser et de s’épanouir.

En effet, le rapport de l'IGESR souligne que pour des temps ciblés et structurés, les pratiques collaboratives soutiennent et renforcent les apprentissages disciplinaires. Elles permettent le développement :

  • Des interactions au service des apprentissages par les questionnements qu’elles induisent et l’analyse de l’évolution de sa propre compréhension dans ce processus. De nombreuses recherches attestent que les dispositifs structurés d’apprentissage entre pairs sont efficaces, qu’ils prennent la forme de tutorat ou d’apprentissage coopératif.
  • De l'autonomie et de l'engagement actif dans des situations où l'enseignant modifie sa posture pour être avec les élèves et ainsi organise les interactions et le retour collectif de ce travail. 
  • Du climat scolaire par une meilleure implication en classe et la persévérance scolaire, ces pratiques nourrissent un sentiment d’appartenance et facilitent les dynamiques de groupes
  • Des habilités coopératives des élèves dans la perspective d'augmenter la réussite scolaire2

Le rapport met également en lumière les dérives que peuvent prendre ces situations de classe de façon à s'obliger à travailler dans le bon sens ; Il faut veiller à :

  • ce que tous les membres du groupe construisent leurs apprentissages sans qu'un seul membre de celui-ci ne prenne tout en charge
  • ce que l'activité proposée ne soit pas déconnectée des objectifs d'apprentissage
  • ce que le travail réalisé soit articulé dans un temps de retour en plénière et exploité à l'échelle du groupe classe

Les apprentissages coopératifs sont alors bénéfiques pour partir de ce que les élèves savent, activer les attentes avant d’introduire une notion, familiariser les élèves avec celle-ci, vérifier entre pairs sa compréhension. 


Jean-François Marcel et al. (2017). Coordonner, collaborer, coopérer : de nouvelles pratiques enseignantes. Bruxelles, De Boeck Universités. Cité dans Sylvain Connac (2017). La coopération entre élèves. Canopé, p. 21

2 Catherine Reverdy (2018). La coopération entre élèves : des recherches aux pratiques. Dossier de veille de l’IFÉ n° 114. https://edupass.hypotheses.org/files/2016/12/114-decembre-2016.pdf


 

3. Collaborer en histoire et géographie

La lettre EduNum n°53 de décembre 2023 présente des démarches éprouvées en académie par des professeurs au regard des concepts ci-dessus explicités. En effet, elle propose des scénarios concrets mis en place par des enseignants en académie, de la classe de 6 e à la terminale et offre également un point d’actualité sur les ressources disponibles. Ces démarches sont tout à fait transposables au lycée professionnel. 

Elles tiennent compte de l'usage du  numérique autour de différentes thématiques : 

Mobiliser des ressources numériques : consulter un mur collaboratif pour construire un débat,  rassembler ses ressources sur un mur collaboratif pour manier les différents langages géographiques, faire consulter des ressources pour créer des capsules audio sur le rôle d'un acteur historique, consulter des documents en ligne pour construire une argumentation, raisonner et organiser ses idées pour construire un récit sur un évènement historique.

►Développer des documents multimédias : rédiger un paragraphe argumenté grâce à un traitement de texte collaboratif en ligne, réaliser cartes et croquis, construire des repères temporels, concevoir une application sur smartphone, réaliser une présentation.

Travailler ensemble l’oralité : rédaction de podcasts collaboratifs sur une période historique ou un processus géographique, créer des audioguides à partir de récits historiques, 

Ludifier les apprentissages : créer un jeu de piste, jeux de rôles, jeux de plateaux et chasse au trésor avec Edugéo

Il s'agit d'activités possibles dans le cadre de coopération ou collaboration avec l'usage du numérique, un usage nécessaire comme le souligne le rapport de l'IGESR car "en multipliant les interactions, il (le numérique) introduit de l’horizontalité dans les échanges, brise les hiérarchies, favorise à la fois des formes de travail plus collaboratives et des modalités d’apprentissage plus personnalisées. Il permet d’apprendre en mobilité et dans des environnements diversifiés… »1.


1Catherine Becchetti-Bizot (2017). Repenser la forme scolaire à l’heure du numérique : Vers de nouvelles manières d’apprendre et d’enseigner (rapport n° 2017-056), p.22, IGEN.


 

Pour aller plus loin :

Collaborer et coopérer à l’école : pourquoi faire ? un podcast Radio France (58 minutes) qui s’interroge sur l’efficacité de ces pratiques et des atouts pour faire davantage réussir les élèves.

Coopérer et apprendre une visioconférence CanoTech (1h35 minutes) qui analyse la façon dont la pédagogie coopérative favorise l’apprentissage scolaire et apporte un bénéfice mutuel grâce à l’aide, l’entraide et le tutorat.

La pédagogie coopérative, expliciter la manière de coopérer pour soutenir les interactions au service des apprentissages : une conférence filmée (45 minutes) durant la conférence internationale du Conseil scientifique de l’éducation nationale sur « l'enseignement explicite » ; elle porte sur les liens entre la pédagogie coopérative et l'enseignement explicite ainsi que sur leur possible complémentarité.