Quand la lecture devient écriture KO

Quand la lecture devient écriture : doit-on apprendre à éditorialiser un parcours de lecture ? Ce travail, réalisé dans le cadre des traams Toulouse et présenté sous forme de storify, a pour objectif de proposer une synthèse des réflexions de ces cinq dernières années autour de la méthode du document de collecte.

Voici le storify qui présente une réflexion sur la question :

https://storify.com/MCarbillet/du-document-de-collecte-a-l-anthologie-apprendre-a

En réinterrogeant la notion de document de collecte, nous avons cherché à relier nos questionnements autour de la lecture sur support numérique, des liens entre veille, lecture, et editorialisation.

Qu’est-ce qu’un document de collecte ? C’est un document secondaire. Il se présente sous la forme d’une liste de courts extraits copiers-collers dont on donne à chaque fois la source.

Le terme nous a été donné par Nicole Boubée, chercheuse en SIC, dès 2008 pour qualifier l’activité informelle des élèves qui constitue à empiler les copiés-collés sur un traitement de texte lors d’une recherche d’informations. S’appuyant sur l’idée de Nicole Boubée que cette activité reflétait une véritable activité cognitive en œuvre lors de la recherche, des collègues professeurs documentalistes ont choisi de l’expérimenter sur le terrain. Ces expérimentations qui se sont appuyées sur une légitimation du copier-coller et sa prise en compte dans l’activité d’enseignement, ont permis de préciser :

  • la place de cette activité dans une séquence de recherche d’information
  • sa place comme méthode utilisable dans les différentes disciplines
  • le rôle de l’activité de copie dans l’activité de création littéraire ou artistique
  • la possibilité d’envisager la méthode dans une progression de la 6ème à la 3eme, cette progression permettant de dresser la liste des connaissances info-documentaires procédurales et conceptuelles en œuvre

Une seconde étape a été franchie quand il est apparu que nous pouvions mettre nos élèves en création de document de collecte en utilisant d’autres outils que le traitement de texte. C’est le cas en particulier avec les bibliothèques collaboratives de signets qui permettent de travailler en ligne sur des sélections de sites tout en en présentant des extraits.

Les outils du Web 2, par leur utilisation nous ont amené à penser la question de l’éditorialisation ; ce fut la troisième étape.

[L’éditorialisation c’est l’utilisation d’un dispositif technologique pour : proposer une sélection de contenus, structurer cette sélection, penser son accessibilité (le partage des ressources, notamment par l’interopérabilité des outils, attirer l’attention sur ce contenu : la question du design informationnel est importante (couleurs, images, taille de police...)]

Les outils du Web2 nous ont aussi permis d’ouvrir le champ des compétences travaillées à celles de la littératie numérique telles que proposées par le chercheur belge Pierre Fastrez (lecture/écriture/ navigation, à croiser avec les aspects techniques, sociaux et informationnels des outils utilisés)

La quatrième étape, qui n’est sans doute pas la dernière, fut d’interroger la question de l’anthologie, à la suite de lectures proposées par le philosophe Milad Douehi. Ce philosophe aborde la question du retour à une pratique lettrée de l’anthologie. Cette pratique, qui existait dans l’Antiquité à cause de la rareté de l’information, se retrouve aujourd’hui utile à cause de la surabondance de l’information.

Cette idée d’une lecture anthologique est familière au monde de l’information documentation ; mais ici il s’agit de voir que ce mode de lecture se répend à toute la société en raison de la surabondance informationnelle dans laquelle nous baignons. Comme le numérique apporte une information moins stabilisée et moins neutre que ne l’apportait l’imprimé, au moins livresque, nous nous retrouvons aujourd’hui, pour une recherche, devant des quantités d’informations orientées ; or l’orientation de l’information, sa véridicité, ne l’invalide pas forcément. Nous comprenons aujourd’hui qu’une information arrive à nous en participant à un débat, plus ou moins construit dans lequel les sources s’expriment en fonction d’un point de vue et d’une plateforme de publication (site, forum, blog, wiki…).

Les sujets à débats qui traversent nos sociétés sont nombreux : sociaux, scientifiques, environnementaux, moraux… Il se dégage là donc bien des apprentissages potentiellement nécessaires au citoyen de demain. Ainsi, un véritable enseignement par controverse semble pertinent. Il devra/pourra être associé un travail sur les sources, en incluant ces dernières dans le cœur même de la production finale. Développer l’enseignement de l’anthologie pour permettre aux élèves de rendre compte de leur lecture, de l’éditorialiser et de la partager semble une voie prometteuse en information-documentation dans le seconde degré.