La politique documentaire un outil au service de notre identité professionnelle

La politique documentaire nécessite une formalisation afin qu'elle soit votée par le CA. Dans la formation que nous avons menée cette année sur la politique documentaire, nous en avons décrit les étapes et proposé des pistes de réflexion pour la mise en œuvre de quelques axes tels que la formation, l'accueil, les acquisitions... Or, comme l'indique la lettre de mission de 2017, la politique documentaire nous invite déjà à réfléchir : réfléchir sur les réels besoins des élèves, sur nos pratiques, sur notre avenir de documentaliste. Bref, la politique documentaire est d'abord une mise au point réflexive au profit des élèves, comme une focale réglée sur nos pratiques professionnelles.

Formaliser une politique documentaire n'est jamais évident. Cela suppose du temps, de la réflexion et des questionnements sur nos pratiques. Mais élaborer une politique documentaire pour notre établissement nous permet aussi de bien faire connaître nos missions, de clarifier les enseignements liés à l'info-documentation et d'engager nos collègues. C'est pourquoi, la politique documentaire d'un établissement doit être simple et extrêmement concise afin de pouvoir être lue et comprise rapidement par tous. Son rôle n'est pas de justifier tout un ensemble de pratiques, mais de donner une photographie des actions utiles à la formation des élèves. Cela nous donne aussi l'occasion de réfléchir à notre métier plus globalement, voire de dépasser les frontières de nos établissements.


Avant de proposer cette formation sur la politique documentaire, nous nous sommes inspirés des documents mis en ligne par une collègue formatrice de l'Académie de Limoges, Maëlle Charpentier, ainsi que des articles de Patrick Duplessis sur l'emprise de l'info-documentation dans les programmes de cycle 3.


Nous avons évoqué tout ce que permet la rédaction d'une politique documentaire d'établissement : prise en compte de nos missions, intégration des collègues à la formation info-documentaire, organisation de créneaux en amont de l'année scolaire, visibilité et cohérence des enseignements liés à la documentation et à l'EMI, etc. Nous avons aussi déroulé les étapes de la formalisation d'une politique documentaire : réflexion, enquête et diagnostic, propositions, pilotage, vote par le CA, etc.


Qu'est-ce qu'il en est ressorti ? Tout d'abord, qu'il est difficile de passer d'un projet limité à nos CDI à une proposition formalisée qui engagerait tout l'établissement. Cette difficulté tient au fait qu'il faut intégrer dans la politique documentaire d'établissement des données que les documentalistes ne maîtrisent pas forcément (comment se passe l'accueil dans les autres lieux de l'établissement, quelles sont les ressources numériques utilisées par d'autres collègues, qui propose des séances infocoumentaires dont certaines sont diluées dans les programmes d'histoire-géographie, d'EMC, de SNT ou de géopolitique, voire de SES). La difficulté tient aussi fait qu'il faut engager des collègues déjà bien investis au moment de la rédaction du projet d'établissement qui n'ont pas tous la culture de l'enseignement de l'info-documentation et pour qui le documentaliste œuvre bien souvent en solitaire. On en vient à l'une des principales raisons de la formalisation d'une politique documentaire d'établissement : mettre en adéquation le travail des documentalistes avec la représentation qu'on s'en fait. Ainsi, la difficulté tient du fait qu'il faut rendre concis et clair, voire transparent un travail complexe et méconnu qui se réalise souvent dans les ombres de l'informel.


Ensuite, il en est ressorti qu'il faut pouvoir créer un document simple, facilement lisible, car c'est l'un des atouts d'une politique documentaire pour les professeurs documentalistes que de pouvoir proposer à sa direction, à ses collègues ou aux familles, une photographie de la culture informationnelle dans son établissement.


Nous avons aussi évoqué nos besoins en terme de mutualisation au-delà de nos établissements ou de mise en cohérence de notre axe de formation et évoqué pour l'avenir, l'idée d'une politique documentaire qui serait régionale ou départementale. Car plusieurs institutions offrent des ressources pour un même territoire, mais dont les limites de compétences nuisent à la généralisation de leur accès. Si le GAR y répond en partie, il reste encore un peu de chemin à parcourir pour que dans même un territoire, un jeune identifie clairement toutes les ressources auxquelles il peut accéder.
Il a donc été important de rassurer les collègues sur la notion de politique documentaire. Loin d'être un objet imposé par le haut, froid et autoritaire, c'est plutôt le son particulier et personnel d'un établissement et dont la partition est menée par l'identité du professeur documentaliste qui est toujours quelque chose d'original. On doit pouvoir la lire en une fois, y trouver de l'intérêt pour les enfants et y découvrir le plaisir qu'on a à les éveiller au quotidien.

 

Article proposé par François Bergamini, Lycée du Couserans à Saint-Girons et Gabrielle Bergès