Contes sauvages d'Elia Pagliarino à la galerie du collège A-Camus

-
Image
Contes sauvages d'Elia Pagliarino 12

 

L’équipe de direction et l’équipe pédagogique vous invitent à découvrir l’exposition

CONTES SAUVAGES
œuvres d'Elia Pagliarino

jusqu’au 15 avril
galerie du collège Albert-Camus
Villemur-sur-Tarn

Ce printemps encore masqué a son lot de belles expériences. De grands dessins fichés aux murs accueillent ceux qui entrent, dans un parfum diffus d’encens, de sable et de jasmin pour les plus exotiques, de lys blanc et de rose pour les plus galants. Si les œuvres d’Elia Pagliarino pouvaient distiller leurs senteurs, ce serait à n’en pas douter les effluves d’un voyage au long cours, où les frontières géographiques et temporelles seraient abrasées par de drôles de rencontres.

Image
Contes sauvages d'Elia Pagliarino Gobe-mouches

 

 

GREFFE

En entrant, un balayage rapide des œuvres exposées donne une sensation confortable de déjà-vu. Voilà, c’en est fait, notre regard une fois ferré par l’élégance de l’ensemble se trouve maintenant confondu, ébaubi par l’audace de ces représentations. Elia Pagliarino sait habiller de familiarité la singularité de ses figures. Ici, l’étrangeté fait des manières, sous un déploiement d’afféteries formelles, elle tend son museau pointu.

« Il ne faut pas avoir peur des ambiguïtés, nous devons encourager les différences » Elia Pagliarino

L’artiste puise largement dans le fond iconographique occidental et extrême oriental. Les emprunts à l’imagerie artistique et scientifique constituent la base de son travail. On pense aux grands maîtres de la gravure, Gustave Doré et Albrecht Dürer. La peinture fournit aussi quelques modèles, Gustave Courbet par exemple. Elia Pagliarino nourrit ses créations de citations, sans dissimulation d’ailleurs, offrant ainsi une sorte de cristallisation de souvenirs visuels.

Ces réminiscences de notre passé artistique, ces représentions de corps enlevées avec gourmandise de leur contexte initial, sont livrées dans un espace vierge, souvent sans repère ni échelle. Rendues. Non seulement au présent mais dans la préfiguration d’un futur. Si les créatures d’Elia Pagliarino apparaissent comme des spécimens destinés à une observation et une classification scrupuleuses, c’est qu’elles ont la précision des illustrations de Buffon (L’Histoire Naturelle écrite par Buffon est une collection encyclopédique française d'ouvrages dont la publication s'étend de 1749 à 1804. C'est l'une des plus importantes entreprises de publication scientifique du Siècle des Lumières).

Cet esprit d’inventaire, présent aussi dans les ouvrages de Diderot et d’Alembert, Elia Pagliarino y est très sensible, peut-être parce que cette démarche scientifique permet d’apporter du crédit à ses extravagances, de les parer de toute la vraisemblance nécessaire.

Effectivement, en 2015, Elia Pagliarino a entrepris le recensement d’histoires individuelles et collectives issues de tous les continents, en puisant dans le réel et en s’appuyant sur de solides recherches anthropologiques et biologiques. De ces recherches sont nés, d’abord, les Contes Sauvages, les grands dessins tracés à la plume à la manière des gravures anciennes du XIX°, où les métamorphoses esthétiques réveillent notre émerveillement enfantin et nous parlent de mixité. Cette première collection a ouvert la voie aux Espèces en Cours d’Apparition, un écosystème imaginaire où les espèces menacées ouvrent la voie à de nouveaux spécimens évoluant dans un monde parallèle fantaisiste, cherchant à s’adapter aux nouvelles conditions environnementales. Une occasion de s’interroger sur l’évolution des espèces, à commencer par celle de l’Homme. 

 

 

Image
Contes sauvages d'Elia Pagliarino Petit Caméléopardalis

 

Image
Image
Contes sauvages d'Elia Pagliarino Img 2

INCISE

Des images faites d’images, Elia Pagliarino s’appuie sur une réalité déjà figurée par d’autres, en d’autres temps. Cependant c’est bien sa main qui découpe au trait noir la blancheur du papier. Avec une précision chirurgicale et une patience manifeste, elle se réserve la partie la plus troublante, celle de la greffe et de la combinaison, elle augmente le corps gracile d’une nymphe ou d’un éphèbe, d’une protubérance animale ou végétale. Vertige de la métamorphose.

 « Bien sûr, mes détournements étranges extrapolent l’idée de l’hybridation, mais si j’en use, c’est pour travailler l’esthétique de la métamorphose, pour réveiller autant notre émerveillement enfantin que nos inquiétudes contemporaines. Les Contes Sauvages portent en eux la fantaisie des contes populaires, mais ils s’inspirent aussi d’un présent expérimental, celui des recherches sur la génétique et le transhumanisme. » Elia Pagliarino

Ne négligeant aucune courbe, aucun renflement, son trait incise le support, en dilate la surface pour que chaque partie s’anime, du lobe de l’oreille à la pointe de l’orteil. La ligne bien que fine et simple confère à l’ensemble une densité sculpturale.

Ce ne sont pas des corps secs et efflanqués que l’artiste choisit, elle opère des organismes pulpeux, charnus. Elle donne l’air d’avoir sélectionné avec soin les éléments les plus vivaces du règne animal et végétal pour pratiquer ses hybridations, comme s’il s’agissait, au-delà de l’étrangeté des assemblages, de rappeler la puissance de la nature.

Et souvent pour parfaire le travail, l’artiste tatoue les corps de figures variées, elle trace sur la peau tracée. Mise en abîme du dessin.

La couleur quant à elle, est liquide, substance humorale éclatante créant un plan intermédiaire entre le papier et le dessin qui semble, de ce fait, affleurer. Mais le plan n’est aucunement creusé, pas ou peu d’effets de profondeur, la préférence est donnée aux corps de ces créatures en apesanteur, façon de leur montrer comme elles sont importantes et que l’on se fiche du décor. A la manière sacrée des personnages sur fond d’or des icônes religieuses, ou à la manière implacable des planches encyclopédiques destinées à l’étude du vivant. Rien à voir vraiment ? Fascinantes fabrications humaines dans les deux cas, répondant au désir de saisir et à celui de ravir.

Bonne visite.
Sophie Bach, professeure d'arts plastiques du collège Albert-Camus de Villemur-sur-Tarn, responsable de la galerie.

 

 

Retrouvez le carton d'invitation
en cliquant sur l'image ci-dessous ou sur ce lien :

 

Image
Contes sauvages d'Elia Pagliarino La convoitise

 

 

Une fiche-visite est à votre disposition ici :


 

Image
Fiche-visite expo Elia Pagliarino